Leucémie : nouvel espoir de traitement grâce à des lymphocytes "tueurs" de cancer

Un traitement modifiant génétiquement les cellules immunitaires de patients souffrant de leucémie lymphoïde chronique (LLC) pour qu’elles attaquent et détruisent directement les cellules cancéreuses a montré des résultats prometteurs. Plusieurs rémissions ont été observées, sur un échantillon encore toutefois limité, selon une étude publiée aux Etats-Unis.

La leucémie lymphoïde chronique est la leucémie la plus fréquente chez l'adulte. Elle se déclare le plus souvent après 50 ans.

Un nouveau traitement testé sur 14 patientsLes chercheurs américains ont testé ce nouveau traitement sur 14 adultes souffrant de

leucémie lymphoïde chronique. Huit d’entre eux ont répondu positivement au traitement : quatre ont présenté une rémission à long terme et les quatre autres ont réagi seulement partiellement au traitement, selon les résultats publiés mercredi 2 septembre 2015 dans le journal Science Translational Medicine. La première personne à avoir été soumise au traitement expérimental a récemment passé le cap des 5 ans de rémission. Deux autres patients n’ont pas connu de rechute depuis plus de 4 ans. Le quatrième avait été en rémission pendant 21 mois avant de mourir d’une infection liée à une opération chirurgicale sans rapport avec la leucémie.Une immunothérapie avec des effets à long termeCette

immunothérapie personnalisée, connue sous le nom de CTL019, a été développée par des chercheurs du Abramson Cancer Center et de la Perelman School of Medicine, qui dépendent de l’université de Pennsylvanie (à l’est des Etats-Unis). “Les examens conduits sur les patients qui ont connu une rémission complète ont montré que les cellules modifiées restent dans leurs corps pendant des années après y avoir été injectées, sans aucun signe“ de cellules cancéreuses, explique l’un des auteurs de l’étude, Carl June, professeur à l’université de Pennsylvanie. “Cela indique qu’au moins, certaines des cellules CTL019 conservent leur faculté à chasser les cellules cancéreuses pendant longtemps“, poursuit-il.En 2011, les premiers résultats de l’étude, alors conduite sur trois adultes, montraient que deux d’entre eux étaient entrés en rémission après la première année de traitement. Ces trois patients avaient peu d’autres choix de traitement. La seule autre option étant une

greffe de moelle osseuse, une procédure exigeant une longue hospitalisation et qui comporte un risque de mortalité d’au moins 20 %. En outre, cette greffe n’offre au mieux que 50% de chances de guérison.Une nouvelle voie dans les traitements par immunothérapieLe traitement expérimental est élaboré à partir des propres

lymphocytes T des patients (lymphocytes “tueurs“), cellules du système immunitaire. Ils sont prélevés puis génétiquement modifiés afin d’être capables d’attaquer sélectivement les cellules cancéreuses. A l’époque des premiers résultats en 2011, Carl June avait qualifié ces lymphocytes T modifiés de “tueurs en série“. Les chercheurs programment aussi ces lymphocytes pour qu’ils accélèrent leur multiplication.Une fois que les lymphocytes T ont été prélevés pour être reprogrammés, le patient est traité par

chimiothérapie puis on lui réinjecte ses propres cellules immunitaires modifiées.Jacqueline Barrientos, oncologiste au North Shore-LIJ Cancer Institute, qui n’a pas participé à l’étude, juge cette approche “révolutionnaire“. “C’est un moment très enthousiasmant“, a-t-elle déclaré à l’AFP, confiant que de nombreux chercheurs s’attendent à ce que Carl June reçoivent le prix Nobel un jour pour avoir ouvert une nouvelle voie dans le traitement du cancer.Des résultats en demi-teinte pour plus de la moitié des patients traitésLe traitement expérimental n’a toutefois pas fonctionné pour tout le monde. Quatre patients (29 %) ont bien répondu au traitement pendant une moyenne de sept mois avant de voir le cancer récidiver. Et 6 des 14 personnes qui ont participé à l’étude n’ont connu aucune amélioration de leur état. Les chercheurs ont tenté alors de découvrir pourquoi leurs lymphocytes T modifiés ne se sont pas répandus au même rythme que ceux des patients ayant connu une rémission à long terme.“Les patients de cette étude sont des pionniers“, a déclaré l’auteur principal de l’étude, David Porter, du Abramson Cancer Center. “Leur participation nous a donné une base de savoir et d’expérience sur laquelle nous pourrons développer cette nouvelle approche pour aider d’autres patients.“Un espoir de traitement pour la leucémie la plus fréquente chez l’adulteLa leucémie lymphoïde chronique est la plus fréquente des leucémies chez le sujet adulte. Elle touche les

lymphocytes B, d’autres cellules du système immunitaire produites par la moelle osseuse. Ce cancer frappe plus les hommes que les femmes et survient le plus souvent après 50 ans. Si certains patients sont seulement suivis afin de surveiller l’évolution de leur maladie, d’autres doivent subir de traitements lourds pour contrôler la prolifération de cellules cancéreuses dans leur sang.

Violaine Badie avec AFP/RelaxnewsSource : Chimeric antigen receptor T cells persist and induce sustained remissions in relapsed refractory chronic lymphocytic leukemia ; David L. Porter and al. ; Science Translational Medicine 02 Sep 2015 (

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