Soudan : qui sont vraiment les kandakas, ces souveraines antiques?

Une Soudanaise s’adresse à la foule pendant une manifestation demandant le départ du président soudanais Omar el-Béchir, le 8 avril 2019 à Khartoum, capitale du pays.  (LANA H. HAROUN / TWITTER / REUTERS)

Candaces, ces femmes qui tenaient les commandes“Une des particularités de cette société : ce sont les femmes qui en tiennent les commandes. Les reines noires de Méroé – on les appelle les candaces – manient l’épée et détiennent réellement tous les pouvoirs”, croit savoir Le Monde. Candace (apparemment nom modernisé de kandaka) ? “On ignore la signification exacte de ce titre habituellement traduit par ‘reine-mère’’, mais on sait qu’à plusieurs reprises, des femmes, désignées dans les textes officiels comme ‘candace’ (kdke) et ‘souverain’ (qore), montèrent sur le trône de Méroé”, observe de son côté Claude Rilly, chargé de recherche au CNRS (sur le site du voyagiste Clio).Méroé a “donné au pays, juste avant l’ère chrétienne, une impératrice qui avait défait les légions romaines d’Auguste”, rapporte un article de Jean-Philippe Rémi dans Le Monde. Pour Claude Rilly, les Méroïtes avaient attaqué Assouan, en Egypte romaine, en 25-24 avant J.-C., à l’époque d’Auguste. Celui-ci riposta. “La victoire des Romains, mieux armés, mieux organisés, fut complète, et des ambassadeurs méroïtes durent rencontrer Auguste (…) en 21-20 avant J.-C. L’empereur fit apparemment preuve de clémence”, rapporte le chercheur.Les historiens classiques rapportent que les guerriers méroïtes étaient alors conduits au combat par leur souveraine, une candace borgne répondant peut-être au nom d’Amanirenas (terme qui signifierait “Amon est son nom”). Amanirenas est aujourd’hui célébrée par nombre de sites internet.

Temple d’Amon sur le site antique de Naga au Soudan (à 170 km au nord-est de Khartoum et 50 km à l’est du Nil)  (AFP / BARBIER BRUNO / HEMIS.FR)

Pour autant, en l’absence de connaissances scientifiques attestées, il est difficile de faire la part des choses entre le mythe et la réalité… Une société contemporaine fort peu matriarcaleDe nos jours, la société soudanaise n’est pas franchement matriarcale. Et la condition des femmes y est très difficile. Les lois locales les empêchent “de se rassembler en public, leur imposent les vêtements à porter, autorisent les châtiments corporels comme la lapidation et les coups de fouets en cas d’infraction pénale ou même de contestation des lois. Chaque année, elles sont des dizaines de milliers à subir ces peines”, rapporte le JDD.

Femmes manifestant à Khartoum contre le régime du président el-Béchir le 11 avril 2019. (- / AFP)

De plus, “la question des violences sexuelles est très prégnante au Soudan”, selon Amnesty. L’adultère y est lié au viol “et les femmes violées peuvent ainsi être condamnées à la lapidation pour adultère”. Ce n’est sans doute pas pour rien que selon la BBC, 70% des Soudanais qui manifestent depuis décembre sont… des Soudanaises.Click Here: Cheap France Rugby Jersey