Grâce à la généralisation de la mammographie, la détection d’anomalies est de plus en plus fréquente. Si la majorité des kystes, tumeurs et cellules suspectes n’augmentent pas le risque de cancer du sein, d’autres lésions s’avèrent plus dangereuses. Le point avec le Dr Philippe Sebag, spécialiste du sein et de ses maladies à Nice.
Le dépistage par mammographie permet de détecter d’éventuelles tumeurs cancéreuses dès les premiers stades. Une intervention précoce augmente alors les chances de guérison (1) de ce fléau qui touche près d’une femme sur onze.
Les pathologies mammaires bénignes
Outre le bénéfice vis-à-vis du cancer du sein, les mammographies permettent de déceler d’autres anomalies, communément rassemblés sous le terme générique de “pathologies mammaires bénignes“. Mais derrière cette définition se cachent de très nombreux types de lésions. Les prélèvements par biopsie permettent de distinguer schématiquement :
– Les lésions non prolifératives constituées de cellules qui se divisent très lentement ;
– Les lésions prolifératives, constituées de cellules se divisant rapidement ;
– Les lésions atypiques, constituées de cellules anormales se divisant rapidement.
Du fait de leur détection plus fréquente, il apparaît de plus en plus important de quantifier leur possible risque cancérogène. Plusieurs études s’étaient jusqu’alors intéressées à ce sujet sans apporter d’évaluation définitive (2). Une vaste enquête (3) pourrait finalement permettre d’y voir plus clair.
Toutes ces lésions ne sont pas sans danger
Entre 1967 et 1991, une équipe de chercheurs américains dirigée par le Pr. Lynn Hartmann a suivi plus de 9 000 femmes atteintes de pathologies bénignes du sein (67 % lésions non prolifératives, 30 % lésions prolifératives et 4 % lésions atypiques). Au terme des 15 ans de suivi, 707 cancers du sein se sont développés. Résultat : par rapport à la population générale, la présence de ces lésions augmente le risque de cancer du sein (de 56 % globalement). Ce risque n’est augmenté que de 27 % pour les lésions non prolifératives, mais de 88 % pour les lésions prolifératives (risque quasi-doublé) et de 324 % pour les lésions atypiques (risque quadruplé) !
En clair4, cela qui signifie que :
– Sur 100 femmes de la population générale, 5 cancers du sein apparaîtront en 15 ans ;
– Sur 100 femmes atteintes de lésions non prolifératives, 6 cancers apparaîtront en 15 ans ;
– Sur 100 femmes atteintes de lésions prolifératives, près de 10 cancers apparaîtront en 15 ans ;
– Sur 100 femmes atteintes de lésions atypiques, on comptera 19 tumeurs cancéreuses en 15 ans.
“Bien qu’impressionnants, ces chiffres confirment à peu de choses près ce que nous savions déjà (5, 6, 7)“, précise le Dr Philippe Sebag, sénologue à Nice. Pour la majorité des femmes (lésions non prolifératives) l’augmentation du risque n’est pas très importante. Et même en cas de lésions atypiques, le danger est largement moins important que celui lié aux mutations génétiques de type BRCA.
L’importance des antécédents familiaux
La sévérité de ces lésions est-elle liée aux antécédents familiaux de la patiente ? A cette question controversé (8, 9), l’équipe du Pr. Hartmann estime que l’histoire familiale constitue un facteur de risque indépendant. Ainsi, la majorité des patientes atteintes de lésions non prolifératives et dépourvues d’antécédents familiaux ne présenteraient pas d’augmentation du risque de cancer du sein.
Enfin, l’âge d’apparition de ces anomalies semble également jouer un rôle : une lésion atypique détectée avant la ménopause est plus dangereuse qu’une autre détectée à un âge plus avancé.
En conclusion, les lésions mammaires restent bénignes dans la majorité des cas (lésions non prolifératives et absence d’antécédents familiaux). Néanmoins, certains types d’anomalies (en particulier les lésions atypiques) et les antécédents familiaux augmentent le risque de cancer. “L’analyse des lésions nous permet de quantifier le risque de cancer chez nos patientes. En fonction du degré de sévérité des lésions, une surveillance mammographique peut exceptionnellement être proposée plus régulièrement (tous les 6 mois éventuellement) au décours d’une biopsie chirurgicale ou macrobiopsique“ précise le Dr Sebag “Mais rappelons-nous que le cancer du sein est une maladie multifactorielle. Les facteurs environnementaux (mode de vie, nutrition, etc..) ont peut être une influence mal appréciée à ce jour. La dernière chose à faire serait d’inquiéter déraisonnablement nos patientes“ Néanmoins n’oubliez pas de consulter régulièrement votre gynécologue et d’effectuer sans attendre tous les examens qu’il vous prescrit.
David Bême
1 – Cancer. 2005 Aug 8; [Epub ahead of print]2 – NEJM 2005 ;353 :275-85 Review3 – NEJM 2005 ;353 :229-374 – NEJM 2005 ;353 :229-375 – NEJM 1985 ; 312 : 146-1516 – Cancer. 1990 Sep 15;66(6 Suppl):1326-35. Review.7 – Cancer 1985 ; 55 : 2698-27088 – NEJM 1985 ;312 :146-519 – JAMA 1992 ;267 :941-4Click Here: cheap nsw blues jersey